Marion Zilio, extrait de Notre cerveau n’y peut rien, catalogue de l’exposition Pulp·e, Drawing Lab Paris, 2023
Soit Parade Proteste (2019), des pancartes exhibant des fragments de corps: des lèvres pulpeuses, des mains de magicien, les yeux de Popeye et d’Olive, le sourire psychotique de Jack Nicholson, un intestin qui digère et défèque le contexte dont il se nourrit. Ces organes sans corps, attributs de personnages fameux ou anonymes, réels ou fictifs, composent un corps collectif, voire monstrueux. Sorte de parade zombie, manifestant en silence la diversité de ses références, ils constituent également une réserve d’éléments ou de stock de flux, qui pourront ensuite entrer dans des agencements nouveaux.
C’est ainsi que Benjamin Hochart boucle la boucle, tout en relançant les possibles. Car toute étape de travail peut devenir autre chose. Les divers appendices, provenant des patrons de couture de la série des Président·es (2017-2023), s’animent désormais dans le dos d’un costume bariolé (N+1 N+2, 2022). Ce dernier devient lui-même le protagoniste de petits films qui le mettent en jeu et en scène, selon les codes du thriller, du documentaire animalier ou du rite populaire. L’uniforme devient tour à tour personnage, créature ou décor.